Six raisons pour lesquelles le gadget de l’Ocean Cleanup est une très mauvaise idée.

Un endroit plus facile pour nettoyer le plastique des océans /Photo Clifton Beard/Flickr/Creative Commons Licen

On le voit partout sur Internet ces derniers temps : un barrage flottant va partir en 2016 entre la Corée et le Japon pour collecter les déchets de plastique. Le barrage de deux kilomètres qui va être déployé au large de l’ile de Tsushima, est un essai avant une version beaucoup plus grande que les créateurs espèrent ancrée dans les étendues océaniques de part le monde dans les cinq prochaines années.


L’équipe derrière ce projet, The Ocean Cleanup (le Nettoyage de l’Océan) prétend que leur barrage flottant sera capable de débarrasser les océans de la pollution du plastique comme celle qui constitue le continent de plastique dans le Pacifique, avec un coût et un effort minimum, sans poser de risque pour la faune, et ce en quelques années. Mais depuis que le jeune inventeur Boyan Slat a commencé, à l’âge de 18 ans, à attirer l’attention sur son idée, les biologistes marins et les océanographes s’arrachent les cheveux au sujet de la popularité médiatique du Ocean Cleanup.
C’est logique que l’idée de Slat soit devenue populaire. Des arguments de vente vagues mais persuasifs qui promettent de résoudre des problèmes sans avoir à changer de comportement ? C’est toujours populaire. Mais voici ce qui a mis ces scientifiques de mauvaise humeur : il est pratiquement certain que l’idée de Slat va à peine diminuer la pollution de plastique des océans et n’en vaut pas la peine. Et il est presque certain que cela va en plus porter préjudice à la vie sauvage qui lutte déjà dans un océan contenant trop de choses que nous avons mis dedans, de plus, les installations risquent de devenir de nouveaux morceaux de plastique déchiquetés dans un océan déjà inondé de déchets.
Une des choses les plus décourageantes à propos de la réponse à la réflexion de ces scientifiques est la réponse fréquente du public dans le style « au moins Slat fait quelque chose pour ce problème, pas comme ces scientifique qui ne font rien, sauf critiquer cette bonne idée au lieu d’aider. C’est ce qui a été dit à propos de gens qui, parfois, ont sonné l’alarme à propos de la pollution due au plastique, cela avant même que Slat ne soit né. Des groupes comme 5 Gyres (voir plus bas), ont travaillé avec ardeur pour aboutir à des solutions réalistes au problème du plastique dans les océans. Beaucoup de critiques on glorifié l’enthousiasme de Slat, simplement suggérant qu’il sera tempéré avec un peu de pensée réaliste.
Ce n’est pas pour dire que les grandes idées ne sont peut-être pas des outils parfaitement appropriés pour aborder les problèmes de pollution par le plastique dans les océans. C’est un gros problème. Il y a cinq «continents de plastique» dans le monde, où les déchets se sont accumulés à des endroits relativement stables entre des courants océaniques. Le plus grand d’entre eux, dans le Pacifique, est de taille comparable à l’État du Texas.
Et c’est bien le problème, parce que le plastique ne reste pas là à flotter. Il est mangé par la faune marine, et pose de sérieux problèmes de santé - y compris la mort par la faim, l’estomac des animaux étant rempli de plastique qui ne peut être digéré. Il disperse des substances chimiques dans l’eau, et peut empêcher les fonctions écologiques normales du milieu marin, bloquant la lumière dont le plancton dépend pour la photosynthèse, entre autres.
Afin de remédier à ceci, Slat et son équipe dit qu’il veut placer 24 barrages flottants d’environ 1 000 km de long dans des endroits stratégiques des océans. Les barrages seront conçus pour capturer les déchets de plastique flottant dans des collecteurs qui ensuite seraient récoltés pour être recyclés.
Slat dit que le design de ses barrages pourrait débarrasser les océans des déchets plastique en cinq ans, en posant un risque minimum pour la vie sauvage.
Ceci a causé l’enthousiasme de beaucoup de gens qui n’ont pas beaucoup d’expérience sur les conditions réelles en milieu marin. Des biologistes marins, des océanographes, des ingénieurs qui ont de l’expérience sur les infrastructures en pleine mer ne se précipitent pas pour prendre le train en marche avec autant d’enthousiasme. C’est magnifique de poursuivre des buts audacieux, mais le diable, disent-ils, est dans les détails.
 
1 - Les plastiques dans les océans ne se comportent pas comme le disent ceux qui soutiennent le projet.
Les détails techniques du projet sont peu précis, mais il semble que le groupe prévoit de guider la plastique dans des collecteurs utilisant de longs déflecteurs qui descendent à trois mètres sous la surface de l’eau. Leur affirmation est que la majorité des débris de plastique flottent dans les trois premiers mètres de l’océan.
L’Ocean Cleanup a fait une étude d’une colonne d’eau dans un endroit de l’Atlantique qui soutient leur affirmation. Cette étude a trouvé que la quantité de plastique baisse de manière exponentielle en dessous de trois mètres sous la surface de l’eau.
Mais les océanographes Kim Martini et Miriam Goldstein ont fait remarquer que dans cette étude, l’équipe de l’Ocean Cleanup n’a pas prélevé d’échantillons au-dessous de cinq mètres. et cela malgré le fait qu’il a été prouvé que les vents mélangent la surface de l’eau jusqu’à 100 mètres de profondeur, avec des déchets de plastique enregistrés à au moins cette profondeur.
Martini et Goldstein ont aussi fait remarquer que les études de réalisation du projet de 2014 mentionnent que le procédé ne pourra pas collecter les déchets de moins de deux centimètres de large. Si vous avez l’impression que la pollution n’est composée que de sacs en plastique intacts et de bouteilles d’eau, cela ne semblera pas un gros problème. Mais la grande majorité du plastique dans la mer est fait de petites particules d’un centimètre, même moins, restes de plus gros morceaux attaques par les rayon ultraviolets, l’effet corrosif de l’eau salée, et l’usure provoquée par l’action des vagues et les créatures marines.


En fait, le mouvement activiste contre la pollution marine l’Institut 5 Gyres déclare, le plan de l’Ocean Cleanup semble basé sur une notion de plastique marin qui est fausse. Comme l’écrit Anna Cummins, membre de ce groupe :


L’idée qu’il y a des «zones» de déchets dans les océans est un mythe créé il y a 15 ans qui devrait être abandonné et remplacée par des «nuages» de microparticules qui émanent de 5 gyres subtropicales. . Notre récente publication dans le journal Plos One estime 269 000 tonnes de plastique de 5,25 milliards de particules, mais le plus alarmant est qu’il s’agit principalement de microplastique ( >92 % dans notre étude) et la majorité du plastique n’est probablement pas près de la surface. Des études récentes ont trouvé des microplastiques pris dans la glace, sur le lit de l’océan, verticalement à travers les océans, et sur toutes les plages du monde. Les petits déchets sont partout. Si vous suivez la vie du plastique dans les océans, comme nous l’avons fait sur plus de 92 000 km depuis 2009, vous trouvez de gros morceaux qui quittent le littoral en nombre, et qui rapidement se désagrège en migrant vers les eaux plus calmes des gyres subtropicales où la lumière,
les vagues, et les poissons les grignotent, et finissent en microparticules plus petites qu’un grain de riz. Le microplastique se répand alors à travers le corps de millions d’organismes, quittant les gyres pour des courants plus profonds pour finir au fond des océans. C’est là qu’il s’échoue .


 

Inclus dans le monde florissant des microplastiques sont les microperles, gadget inutile que l’on retrouve dans les produits cosmétiques et qui arrive dans les océans dans des proportions alarmantes. 5 Gyres, entre autres, essayent d’obtenir une interdiction de ces microperles au niveau mondial.
En d’autre mots, 98 % du problème du plastique dans les océans est de la taille d’un grain de riz, ou plus petit, et construire des collecteurs qui récupèrent des pièces de plus de deux centimètres, jusqu’à trois mètres de profondeur, semblerait être un effort assez inutile.
 
2 - Les collecteurs vont casser, très, très rapidement.
Il est difficile d’imaginer une meilleure description des conditions actuelles des gyres océaniques que celle ci, écrite par Stiv Wilson, militant vétéran de la conservation des milieux marins, un des directeurs de l’Institut 5 Gyres :


Jusqu’à présent, nous avons emmené un défenseur du nettoyage des gyres à travers l’Allantique Sud, du Brésil à l’Afrique du Sud. Nous avons eu 22 jours de tempête, avec des creux de 10 mètres. Lorsque nous sommes arrivés, une trentaine de jours plus tard, il avait perdu l’espoir de nettoyer les gyres une fois qu’il a réalisé la taille de la zone concernée... La mer est une force corrosive gigantesque. Seulement en 30 jours de travarsée au travers de l’Atlantique Sud, nous avons déchiré nos voiles par deux fois, cassé des gréements, et totalement détruit une éolienne - tout cela à cause de la force de la nature. N’importe quel marin vous racontera à quel point la mer peut être destructrice pour n’importe quoi qui a des parties mobiles. C’est pour cela que les marins disent «Un bateau est un trou que vous remplissez avec de l’argent» . L’Espace est moins corrosif pour les machines que l’océan !


Les images promotionnelles offertes par les gens de l’Ocean Cleanup montre des barrages flottants sur une mer d’huile, où il est aisé de les imaginer restant intacts pendant des mois et des mois. Au large, combien de temps ces barrages pourraient durer sans casser ? Martini et Goldstein, dans leur examen sur la faisabilité du projet en juin 2004, émettaient des sérieux doutes que les structures puissent supporter le stress marin très longtemps.


Dans cet examen, Martini et Goldstein indiquaient que l’étude préliminaire «sous estimait gravement» l’intensité du stress auxquels les barrages seraient exposés par les conditions typiques des tempêtes en mer. Les créateurs ont conçu leur étude avec des courants marins moyens, plutôt que des courants au plus fort, augmentant la possibilité que les barrages pourraient être exposés à des courants plus puissants qu’ils pourraient supporter au moins la moitié du temps. (ce sont les extrêmes et non les moyennes qui cassent les équipements).


Afin de garder les barrages de manière stable dans les courants qu’ils ont l’intention de nettoyer, ils doivent être amarrés en sécurité. Slat et ses associés disent que certains des barrages seraient déployés dans des eaux de 4 000 mètres de fond. C’est deux fois plus que la profondeur maximale à laquelle des bateaux ou d’autres structures n’ont jamais été amarrées.


Et lorsque les courants dans lesquels les barrages sont amarrés changent, cela pourraient les déformer, et réduire sérieusement leur capacité à collecter le plastique - voire même déverser le plastique déjà collecté dans l’océan.


Et puis, il y a le problème du «biofouling», le terme adroit utilisé pour dire «les créatures marines utilisant votre coûteux équipement comme lieu de vie». Placez un objet rigide dans la mer et en 24 heures, des bactéries et des diatomées s’y seront accrochées, créant un «biofilm» qui lui même pourvoira un habitat pour des algues et des protozoaires. Ceci à son tour fournit un endroit pour des organismes plus gros comme des tuniciers, des éponges, des mollusques et des crustacés - les bernicles étant les plus familiers de ces derniers.


Et cela rajoute du poids à la structure. L’étude de faisabilité de l’Ocean Cleanup dit elle même que le biofouling pourrait ajouter des dizaines à des centaines de kilos de poids supplémentaire par mètre carré de surface submergée. Cela pourrait couler la structure. Cela changerait la manière dont les courants coulent le long de cette jupe de trois mètres de haut sous le barrage, changeant l’efficacité avec la quelle le barrage canalise le plastique dans la zone de récupération.

Il y a aussi un potentiel pour des dégâts spécifiques : de plus gros poissons «vandalisant» les structures. les dégâts occasionnés par les «morsures de poissons» sur des équipements submergés, comme des capteurs ou des amarres sont bien réelles.


Pour le test prévu l’an prochain, Slat déploiera un barrage qui sera a un cinq-centième de la longueur des barrages proposés au final. Il reste à voir comment ce modèle beaucoup plus court se tient dans les eaux relativement protégées du Détroit de Corée. Telles qu’elles sont décrites actuellement, il semble probable que les plus grandes versions prendraient part au problème de plastique flottant dans l’océan après la première tempête hivernale.
 
3 - Le projet va nuire à la faune.
L’équipe de Slat dit dans son étude de faisabilité qu’ils n’ont pas de solution pratique pour le problème du biofouling, expliquant qu’un nettoyage mécanique de 24 000 kilomètre de barrière flottante en plein océan serait bien trop coûteux. Martini et Goldstein font remarquer que la seule alternative qui seraient réalisable seraient que l’Ocean Cleanup utilise des revêtement anti-fouling sur leur équipement, pour ralentir la colonisation des structures par la vie marine. Des études approfondies sont en cours pour de nouvelles surfaces qui seraient résistantes au biofouling, utilisant des technologies de nano-matériaux, la procédure standard des anti-fouling à l’heure actuelle étant des traitements chimiques contenant des «biocides». Des biocides, c’est tout à fait ce que cela veut dire : des substances qui tuent le vivant. L’idée est que des biocides incorporés dans ces revêtements vont empêcher les organismes de créer le film organique qui démarre le processus de biofouling.


Le problème, c’est que les anti-fouling sont efficace pour un temps limité. et cela en partie parce que les biocides se dispersent en dehors du revêtement.
Imaginez 24 000 kilomètres de barrages revêtus d’anti-fouling dispersant des biocides dans les océans, pour un projet supposé bénéficier à la faune marine.


Le plus efficace des revêtement biocides, et le plus couramment employé, et un composé de la famille du tributylétain, qui est réputée pour se disperser dans la mer et pose des risques avérés sur les micro-organismes et les animaux de plus grosse taille du milieu marin. Certains états ont pris la décision de supprimer progressivement le tributylétain, mais il n’y a pas beaucoup d’alternatives économiques.
Les barrières posent aussi un problème physique pou la faune marine. Les créateurs déclarent que les micro-organismes à flottabilité neutre comme le plancton vont simplement passer sous la jupe de trois mètres. cela sera peut-être le cas pour certaines espèces, mais les biologiste marins font remarquer que les gyres du Pacifique Nord (par exemple) contiennent des organismes qui ne vont pas quitter les eaux très oxygénées qui sont juste la surface de l’océan, et de tels organismes seraient récoltés en grand nombre. Tout le plancton qui sera récolté dans les collecteurs sera séparé par la force centrifuge, dont les effets sont décrits par Miriam Goldstein dans une conversation sur un serveur de scientifiques du milieu marin :


 

La plupart du zooplancton ne survit pas à une capture dans un filet Manta standard (ndlt : filet utilisé pur les prélèvements en mer), alors ce n’est pas la peine d’imaginer dans une centrifugeuse. Ils bougeront peut-être encore,mais ils auront perdu beaucoup d’organes essentiels, comme les antennes ou les mandibules. Quand nous capturons du zooplancton, nous utilisons es filets spéciaux et nous faisons très très attention. Pour le zooplancton gélatineux comme les salpes, la seule manière de la ramener à la surface en bonne condition est de les capturer individuellement dans des bocaux en verre en plongée. Je suis très septique qu’une proportion significative de plancton sera viable après avoir pris dans un filet et passé en centrifugeuse à 50 TRM.


Et en ce qui concerne les plus gros organismes, l’étude du projet dit ceci :


Les espèces qui font de grandes migrations seront très affectées par le projet. Les espadons, les marlins, les voiliers, les requins, les espèces de la famille du thon sont toutes susceptibles d’être attrapées dans les réservoirs de détention, et il possiblement dirigés du barrage dans la plateforme.


L’Ocean Cleanup insiste sur le fait que leur barrage ne devrait pas prendre au piège les grand animaux en raison de la surface lisse de la jupe. En raison du biofouling, , ces surfaces ne vont peut-être pas rester lisses très longtemps. Parmi les déchets de plastique qui flottent dans les océans sont des «filets fantômes», des morceaux de filets rejetés qui font parfois plusieurs centaines de mètres de long. Avec 24 000 kilomètres de barrages parsemés dans les océans, la possibilité que ces filets s’accrochent sur les bernicles poussant sur la jupe des structures est importante. Et comme les barrages seront amarrés, et que les filets fantômes s’arrêteraient soudainement de bouger avec les courants, les animaux, qui eux bougent avec le courant, devraient faire face à encore plus de danger causé par ces filets.
Comme mentionné ci-dessus, l’image que le grand public a de la pollution par le plastique est très différente de la réalité : seulement un petit pourcentage des débris de plastique est composé de gros morceaux flottants qui seraient facilement récupérés par les barrages de Slat. Ironiquement, de tels débris de plastique ont de grandes chances d’avoir aussi été recouvert de biofouling, adopté comme habitat pour des organismes marins qui seraient blessés ou tués pendant la collecte.
En 2014, Charles Moore - le premier à découvrir la «grande plaque de déchets du Pacifique» a trouvé une ile flottante dans le Pacifique Nord que l’on pensait être principalement les ordures emportées par le tsunami de 2011 au Japon. L’ile de mètres de haut était l’habitat d’une population apparemment permanente d’anémones, d’algues, de mollusques, de moules. Ceci est juste une indication de la rapidité avec laquelle la faune colonise n’importe quelle surface dans l’océan - y compris du plastique flottant. Et cela signifie que le plastique que Slat a l’intention de collecter aura très probablement des passagers clandestins.
On peut se demander combien d’aide de l’Ocean Cleanup la faune marine sera en mesure de supporter.
 
4 - Les recycleurs ne veulent pas du plastique
Slat et ses collègues disent que la destination finale du plastique collecté sera des usines de retraitement sur la terre ferme. Il y a peu de chance qu’il en soit ainsi : A la différence du verre et de l’aluminium et du papier de bonne qualité, qui peuvent être recyclés plusieurs fois dans des produits similaires à l’original, lorsque vous mettez votre bouteille en plastique dans la poubelle pour la recycler, vous n’obtiendrez pas une bouteille à la fin du processus. Les chaînes de polymères du plastique se décomposent très facilement lorsque fondu, signifiant que votre bouteille d’eau devient un produit de plastique de moindre qualité, et souvent non recyclable.


Ce qui signifie que le recyclage du plastique devraient s’appeler du «décyclage» (ou sous-cyclage), et ce n’est pas une solution au problème du plastique jetable. et ceci, c’est en assumant que le recycleur a accès à un approvisionnement de déchet propres, triés et de bonne qualité, comme on en trouve dans les poubelles de tri sélectif des quartiers résidentiels et des entreprises.


La machines de Slat, pour leur part, collecteront du plastique qui aura dérivé dans les océans on ne sait combien de temps, dont les chaînes polymères seront attaquées par le sel et la lumière ultra-violette, et auront absorbé des contaminants divers dans des ports industriels. Au lieu d’être des bouteilles et des sacs facilement triables, la plupart du plastic sera composé de petits morceaux, et cela signifie que les recycleurs devront utiliser des spectographes pour déterminer si le plastique récupéré est du polyéthylène, du polypropylène, du polystyrène, ou encore autre chose.


Le recyclage du plastique est une industrie complètement marginale, avec un approvisionnement en plastique bien supérieur à la demande. C’est seulement les programmes de collecte subventionnés, qui fournissent une source de plastique trié à bas prix, qui permettent que le recyclage de plastique soit réalisable. Offrez de livrer des tonnes de plastique contaminé et mélangé dans ces centres de recyclages, et je doute fort que vous obteniez une réponse polie.
 
5- Il y a de bien plus efficace moyen de nettoyer les gros morceaux de plastique des gyres océaniques.
Cela s’appelle le «nettoyage des plages». il est courant de penser (sans vouloir faire de jeu de mot) qu’au moins la moitié du plastique des gyres est éjecté à chaque rotation, et ensuite suit les courants marins où qu’ils aillent. Bien souvent, ces courants mènent à une plage, où le plastique peut être ramassé par des bénévoles avec un impact minimal sur la faune. Si il n’est pas ramassé sur la plage, la prochaine tempête peut l’emporter de nouveau dans la mer, où il rejoindra éventuellement une gyre.


Ceci fait de nos plages une partie très accessible du cycle des déchets plastique, et c’est juste du bon sens de concentrer nos efforts de nettoyage du plastique océanique sur cet objectif facile à atteindre.


En 2014, dans la Journée de Nettoyage des Plages, rien qu’en Californie, 66 292 bénévoles ont collecté 564 tonnes de déchets, dont 80 % étaient du plastique à usage unique. Ces 564 tonnes ne rejoindront pas le continent de plastique.
Pour les USA, les prochains nettoyages de plages sont annoncés sur le site du Ocean Conservancy.
 
6 - C’est bien plus efficace, moins coûteux, et plus sûr de commencer par ne plus mettre de plastique dans les océans
D’une certaine manière, c’est ironique que les supporters du projet de Slat aient accusés les critiques du projet de ne pas contribuer à solutionner le problème de la pollution par le plastique, parce que l’effet de l’Ocean Cleanup pourrait bien être celui de persuader le public que le problème a été résolu, et qu’ils n’ont pas besoin d’agir pour limiter la quantité de plastique qui finit dans les mers du monde.
Il y a déjà des initiatives qui se mettent en place pour réduire de manière significative la quantité de plastique qui finit dans nos océans. De plus en plus d’endroits prennent des mesures pour interdire les sacs en plastique à usage unique, qui sont un composant majeur de la pollution des plastiques. Les bouteilles en plastique à usage unique sont un autre objectif facile à atteindre, attendant juste d’être interdites, une démarche qui a déjà été prise dans certains parc nationaux. Comme mentionné plus haut, la loi pour interdire les micro-perles est en cours. (...)
Nous ne nions pas l’importance d’approches technologiques intelligentes, seulement, elles n’appartiennent pas aux océans. Certaines municipalités ont de bons résultats en mettant des filtres sur les égouts pluviaux et collectant ainsi les plastiques accumulés. A Baltimore, une «roue à eau» a été installée où la rivière Jones Falls coule dans le port intérieur de la ville. L’année dernière, l’installation a rempli des bennes avec près de 200 tonnes de déchets qui se seraient déversés dans la Baie de Chesapeake.
Mais la solution radicale au problème de la pollution des océans par le plastique est de cesser d’utiliser autant de plastique jetable à usage unique en premier lieu, que ce soit en emballage, ou bien des objets à usage unique comme les pailles pour boire. Une fois que le plastique arrive dans l’océan, il n’y a pas de solution miracle technologique, peu importe combien nous désirons qu’elle existe. Nous devons cesser de compter sur un jeune inventeur brillant pour sauver la planète et commencer à le faire nous-mêmes.
 
 
Chris Clarke est écrivain en histoire naturelle et journaliste environnemental. Il vit en Californie. Page Facebook

Traduit et publié avec l'accord de l'auteur